« Chantier Pasolini »
Stage de formation continue professionnelle conventionné Afdas
par la compagnie Théâtre sur paroles en partenariat avec Théâtre vivant
animé par François Rancillac, metteur en scène, assisté par Christine Guênon, comédienne!
du 17 novembre au 13 décembre 2025
Date limite d'inscription au 17 octobre 2025
Inscriptions et infos administratives (avant le 17 octobre)
Claire Joly : 07 60 30 74 28 – stages@theatrevivant.fr
Renseignements sur le contenu de la formation
François Rancillac : rancillac.fr@gmail.com
Un soir de mars 1966, Pasolini s’écroule en plein restaurant, terrassé par une crise d’ulcère. Après un mois de convalescence, il déclare à des amis : « Dans mon lit, j’ai écrit six tragédies. » Six pièces (qui font tout son corpus théâtral !) ont été en effet écrites dans la foulée : Calderon, Pylade, Affabulazione, Porcherie, Orgie, Bête de style (ainsi que Théorème qui, de pièce, deviendra bientôt un roman et le film que l’on sait).
C’est donc reclus au fond de son lit (alors que, dehors, le printemps 68 pointe déjà son nez…) que Pasolini s’empare de cet art archaïque qu’est le théâtre pour mettre en scène les stratégies inavouables (et encore inaudibles à l’époque) du néo-fascisme de son temps (qui, enfin « décomplexé », triomphe aujourd’hui).
Nourri des grands classiques qu’il relit alors (d’Eschyle à Shakespeare), convoquant dans ses pièces les fantômes de Sophocle, Spinoza, Calderon ou Jan Palach, circulant en toute liberté du Prado à Auschwitz via Milan ou Prague, du XVIème au XXème siècle, de l’aristocratie au sous-prolétariat, du rêve à la réalité, il échafaude un étonnant « théâtre de la parole » qui met en scène (et en vers) des êtres bousculés au plus intime par les dérèglements du monde.
S’il est fondamentalement politique, le théâtre de Pasolini est tout sauf militant : c’est l’espace du questionnement, des contradictions les plus profondes, de la mise en relation de ce qui est apparemment disjoint qu’il donne à voir : l’inconscient et le social, le prosaïque et le sacré, le passé et le futur, la lutte et le retrait, la politique et la poésie.
Cela donne un théâtre qui ne ressemble à rien, d’une liberté dramatique déconcertante : un vrai défi pour les interprètes, comédien.nes et metteur.es en scène. L’œuvre de Pasolini m’intrigue depuis belle lurette sans avoir vraiment eu la chance d’y plonger pleinement : que ce mois de chantier passé ensemble à explorer son théâtre (enrichi d’autres textes littéraires et politiques et, bien sûr, de ses films) soit pour nous l’occasion de questionner notre aujourd’hui depuis le plateau et grâce à ce poète-prophète hors-norme.
F. Rancillac